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            Nuits blanches

           shot on film, processed by hand 
           (mostly while being drunk)



Nuits Blanches est une documentation expérimentale et poétique des nuits sous couvre feu lors des confinements successifs en 2020. Utilisant des pellicules noir et blanc poussées au maximum (400iso > 3200iso) et un stand developpement pour accentuer le mouvement des flous, ce projet propose une expérimentation visuelle autour du secret de la nuit, son mystère et la manière dont les corps se rejoignent lorsque plus personne ne les regarde.

Les espaces de nuits ont toujours été des espaces en mutation, des espaces de création et de possibilité démultipliées. Avec la surveillance accrue des populations et l’instauration du couvre feu sous pretexte sanitaire, habiter la nuit est (re)devenu un moyen de s’organiser loin des regards, de se retrouver et d’expérimenter d’autres temporalités, imposées cette fois par les mesures sanitaires. Nuits Blanches raconte des nuits comme beaucoup d’autres, celles d’une jeunesse militante, queer, leurs joies, leurs inquiétudes et leurs amours. 

L’année suivante sort Pas Dormir, de Marie Darieussecq, et je reçois son titre comme j’ai écrit le mien - comme un refus de gosse, une issue de secours, à la recherche d’espace mouvants, capables de contenir la vitesse et l’angoisse. La nuit occupe une place prédominante dans mon travail, parce qu’elle peut tout, qu’elle arrache à tout, et qu’elle nous est pour toujours inconnue. À la fois terrain ami et dangereux, ces nuits blanches rendent compte d’un temps suspendu, étiré, interdit et pourtant bien vécu. Lors de cette série j’attendais la publication de mon receuil La nuit t’arrache à moi, je crois que c’était aussi un dernier merci à ce que j’ai pu vivre dans la nuit, et un dernier hommage à ceux qui s’y sont perdus.

Un accompagnement musical à cette série ici

Autour de ce projet - Expositions


2023
Nuits Blanches, installation éphémère, Passerelles de l’université Paris 3, Campus Nation, Paris.



Le monde réouvre aujourd'hui.
Je sais pas pour combien de temps, j’ai pas suivi l’arrêt, j’ai pas arrêté de vivre.
Je suis beaucoup sorti ces derniers mois.




Appris à poser le boîtier quand c'était plus nécessaire,
appris que l'alcool ne m'empêche pas de bien cadrer dans le noir et dans la journée.

Comme plein de gens, mes nuits blanches n'ont pas de fin. J'ai rencontré beaucoup de monde, photographié beaucoup de visages.




écrit j’ai envie de prendre de la coke parce que je me fais chier, cycle infini de la violence, du poing dans le mur

écouter sebastian





























Mes nuits blanches sont sans malice.
                                    
Elles empruntent des chemins reconnus, la fête, les flacons de poppers, les bouteilles de gin et les langues qui se collent.
  La tendresse dans la nuit, j’avais oublié.                                          

 
Appuyer sur le déclencheur quand il se passe rien d'autre que tomber dans le vide,
appuyer sur mes tempes,
j'ai mal au crâne, mais on survit.







Dans le taxi j'envoie
"je suis pas triste je suis juste fatigué", le matin ça va mieux

























je tombe amoureux quand j'éteins la lumière.



Aimer ça se fait seul, ça se fait à quinze, j'ai rencontré beaucoup de gens.
Aimé beaucoup de visages.

Rien écrit de particulier, quand on vit sa vie on écrit rien de particulier.


Fumé beaucoup de cigarettes, mal de gorge persistaNT
La nuit coupée à l’éther, j'avais oublié                                                 
















le petit faible que j'avais pour son parfum.
Pour tout ce qui déraille, et tout ce qui se distord.


           Pour tout ce qui se gobe en deux secondes,
          tout ce qui se bouffe sous la peau.





La nuit t'arrache, ma nuit, à moi, la nuit t'arrache à moi.
Et c'est plus grave, cet arrachement.




Je me détache en m’attachant, la nuit se trace nerveusement, sur un coin de table, les espaces diurnes s'effeuillent avec les dents.
                                                                                                       
        C’est la même chose.

   
          La nuit mon royaume, tout le monde y est déjà mort.
          La nuit ma merveille. Ma crise de nerfs et mon dernier bastion quand le monde perd de sa superbe.

          Je lui dit comme on se dit à soi même, à bientôt. À bientôt de te revoir mon amour.
          Quand je pourrais te supporter, quand on se battra à armes égales.


          Et dans ses rues, où je marche, où je roule, comme avant, un peu trop vite ou un peu trop lentement


Ça parle de rien de précis.
Ça parle d'aimer des gens.
Ça parle de taxis et de sang.

je ne sais pas si on se sèvre un jour de courir vite.